Complexe mais pas impossible
Cela fait des jours que je scrute l’actualité de l’Eglise et des affaires de pédophilie en ayant pour seul objectif de comprendre, de penser, ce qui arrive, là, à l’Eglise catholique et à ce qui nous arrive à nous, fils d’homme.
La tâche, je l’avoue, est rude et dépasse, je l’avoue également, mes capacité, mes possibilités du moment. Je ne suis ni théologien, ni expert en quoi que ce soit : ni sociologue, ni psychanalyste, ni historien, ni journaliste spécialisé … non plus écrivain pour rassembler en quelques mots bien taillés tous les débris éparpillés à nos pieds quand le scandale vient à se briser sur notre terre. Simple baptisé qui entend sourdre en lui le désir d’une Eglise renouvelée. Tant d’éclats jonchent aujourd’hui le sol … sans compter ceux que nous ne retrouvons jamais sur le moment, dissimulés dans le coin sous le buffet de l’arrière grand-mère ou derrière les lustres d’une Eglise trop dorée. Quel labeur de redonner du sens à tout cela ! Tessons insignifiants …
La tâche est rude. D’une part pour trouver un minimum d’objectivité : pour lâcher prise sur un certain nombre d’apriori, de partis pris, de rancœurs, de fantasmes, pour me libérer du plus lourd de ma subjectivité alors que l’Eglise touche à ce que l’homme a de plus cher : sa foi, la confiance en l’homme, en la parole ! D’autres part parce que le sujet est complexe ; sac de nœuds passé à la machine (qui laverait plus blanc que blanc). Le Renoueur n’a pas fini de se pencher sur l’ouvrage !
Complexe parce que ces histoires de pédophilie nous font remonter au siècle dernier et que nous n’avons pas fini d’analyser le XXème siècle ; un siècle qui est passé à toute vitesse et qui n’a pas été tendre avec les hommes ; parce que ces affaires éclatent un peu partout dans le monde, là où était implantée l’Eglise. Nous avons donc un champ de travail immense dans le temps et dans l’espace pour nous qui avons un champ de vision si étroit !
Complexe parce que viennent se greffer– non par mauvaiseté mais parce qu’elles se sont intriquées au fil des décennies (comme deux métaux liés l’un à l’autre au fils des ans)- un certain nombre de rancœurs, rancunes, d’incompréhensions, de désirs frustrés, d’espoirs trompés, de rejets et parfois de réels comptes à régler. Il y a un réel effet de boomerang dans cette énième crise qu’il faut entendre et distinguer, passer au crible. Et sans doute faudrait-il mettre les affaires de pédophilie de côté mais ce n’est pas à dire aussi simple qu’à faire.
Complexe parce que s’il n’y a pas plus de prêtres que de pères de famille pédophiles, l’Eglise catholique est une institution et qu’à ce titre ce n’est pas la même problématique. Elle a, en des temps et des lieux, parfois de manière endémique, couvert, laissé faire, des hommes, ses institutions, qui commettaient des actes violents, des abus sexuels et qui au plus profond de l’homme pervertissaient la parole. Qu’elle le reconnaisse dans sa juste proportion et nous pourrons avancer ensemble.
Complexe parce que l’Eglise a mis un voile sur ces affaires « pour le bien de l’Eglise universelle », que les dossiers se sont accumulés sur les bureaux du Vatican, que plus on monte dans la hiérarchie plus on a eu des dossiers entre les mains, et qu’ils ressortent aujourd’hui au compte goutte impliquant d’ailleurs plus le sommet que la base de la pyramide.
Complexe parce qu’il y a sans doute une part de travers, de déformation médiatique, peut-être tout simplement d’incompétence, une part de manipulation, d’intérêts économiques. C’est à prendre en considération sans envisager un complot. Un certain nombre de personnes ne voient pas d’un mauvais œil l’affaiblissement de l’Eglise catholique.
Complexe parce que nous avons très peu d’études, de chiffres, pour nous aider à estimer et comprendre le problème. Les chiffres : chacun a les siens et les articule à d’autres statistiques pour en tirer les conséquences les plus favorables à ses aprioris. Les derniers qui m’ont fait sourire : 90% des pédophiles sont des homosexuels [chiffre sorti pour accusé les prêtres homosexuels et les homosexuels en général- largement ordonnés paraît-il dans les années 60/70] et 90% des pédophiles sont des hommes mariés [chiffre donné pour déculpabiliser les prêtres de l’Eglise catholique et renvoyer le problème dans le cadre des familles]. N’étant pas très doué pour les chiffres et ne leur faisant pas confiance et ne faisant surtout pas confiance aux pseudo-sociologues qui confondent les statistiques et une réflexion sociologique, je préfère me dépatouiller dans le flot des lettres.
Complexe mais pas impossible à déchiffrer (oui les lettres se déchiffrent mieux que les nombres eux-mêmes…) car au fil des jours, avec un peu de recul et de travail, se dégage tout de même une lueur de vérité. Des études, des articles, des réflexions construites, se font jour et permettent d’espérer (comme cela s’est fait, pour une part, en France) que l’Eglise saura avancer, retrouver ses fondamentaux soufflés dans les Ecritures. Espérons par delà ces affaires qu’elle saura retrouver (elle, la grande Eglise, le peuple en marche et en vie) la vigueur nécessaire à notre monde et à notre temps, malgré un Vatican et tous ses grands personnages manquant cruellement d’inspiration pour demain ou plombés par le pouvoir. Patience pour nous …Allons travailler.
Oser s’interroger …
Il ne s’agit pas ici de prendre parti, de choisir un camp contre un autre, de déverser sa haine ou sa rancœur ou au contraire de défendre à tout prix cette mère l’Eglise. Il s’agit de penser, peser, soupeser, une nouvelle fois, ce qui nous arrive, ce qui s’est passé, ce qui se passe. PENSER. Penser pour, en ce qui me concerne, ne pas perdre foi, envisager un avenir, une manière de vivre sur le substrat des Ecritures, une manière de vivre une fraternité la plus simple qui soit !
Le débat en France a très vite tourné autour du célibat des prêtres. Les uns estimant qu’il existe un lien plus ou moins étroit, plus ou moins symbolique entre le célibat et ces affaires de pédophilie. Les autres défendant un choix de vie qui leur convient, qu’ils assument pleinement et riches de ce qu’un tel choix permet de donner et de recevoir : un choix de vie qu’ils peuvent questionner mais loin, très loin de ces affaires de pédophilie. Ils se sentent atteints, suspectés à cause d’actes commis loin d’eux dans le temps ou dans l’espace. Les uns, les autres … et nous revoilà repartis dans une confrontation, nous revoilà devant une fracture ouverte qui n’a pas finit de faire gémir, qui n’a pas finit de nous diviser.
L’amalgame entre le célibat et la prêtrise, comme toute généralisation abusive, est une insulte faite aux prêtres. Utiliser ces affaires de pédophilie pour régler ses comptes avec l’Eglise, pour régler son compte à tout pouvoir religieux, est tout sauf instructif et éducatif. Mais que l’Eglise, ou certains membres de son Clergé, n’évitent pas le débat, la contradiction, le questionnement, l’étude, par peur de cet amalgame, de la suspicion, du mensonge, ou pire sous prétexte de vouloir vivre tranquillement dans sa paroisse, de pouvoir développer en toute tranquillité, sans le moindre accrocs, leur pastorale, de pouvoir vivre entre Catholiques sans trop être importunité par des soi-disant mal-pensants, dissidents, rancuniers … Que l’Eglise et tout ceux qui la composent sachent écouter et entendre ceux qui s’interrogent avec justesse et humilité. Je ne crois pas que nous soyons dans une campagne contre Benoît VXI, contre l’Eglise catholique, contre les prêtres … Le coup de la médiatisation diabolique, de la victimisation, ne marchera pas. Nous sommes dans un constat simple qu’il faut accepter et comprendre : l’Eglise a foiré, une nouvelle fois certes, mais elle a foiré !
La pédophilie s’ancre dans la structure profonde d’un sujet que le célibat imposé ou non ne vient pas modifier. Hors donc de cet amalgame alimenté par quelques bouffeurs de curés, nous pouvons tout de même nous interroger sur un lien qui ne serait pas psycho-pathologique mais systémique, structurel. C’est je crois ce qu’a voulu exprimer Hans Kung, et bien d’autres personnes, dans sa lettre ouverte pour l’abandon de cette « mesure disciplinaire » imposée qu’est le célibat, d’autant plus qu’elle cristallise, symptomatise, toutes les crispations de l’Eglise catholique sur la sexualité. Ceci dit je me range du côté d’un certain nombre de prêtres qui ne trouve pas pertinentes les objections de Hans Kung. Il est dommageable qu’il utilise les affaires de pédophilie pour argumenter ce qui lui tient à cœur, ce qu’il défend depuis des décennies, et qui est discutable à juste titre et plus que jamais pour les raisons qu’il évoque : le célibat des prêtres.
Il n’y a bien évidemment aucun lien de cause à effet entre le célibat et la pédophilie. Faut-il pour autant clore le sujet, s’abstenir de toutes interrogations ? Le « Circulez, y’a plus rien à voir » du Clergé est assez énervant. Que les prêtres défendent leur choix, pourquoi pas … mais pas à tout prix, pas au prix d’un déni, pas au prix d’un nouveau silence.
« L’Eglise fait totalement fausse route si elle ne comprend pas que la pratique continue d’abus sexuels a forcément un lien avec sa vision biaisée de la sexualité ». Cette phrase extraite d’un article de journal est-elle mensongère, elle-même biaisée, ou bien est-elle un constat qu’il faut comprendre et accepter ?
Qu’est-ce qu’un lien systémique, structurel ? Pourquoi le célibat poserait-il alors problème? Il faut d’autres objections que celles avancées par Hans Kung.
Ou l’on regarde le problème des prêtres pédophiles comme le problème causé par une petite minorité d’hommes. Il suffirait alors de régler ce problème tout en gardant le cap général et tout ira pour le mieux à l’avenir. Ou nous regardons ces abus sexuels et les scandales qui s’en suivent comme un symptôme de quelque chose d’insupportable et de beaucoup plus vaste aujourd’hui dans l’Eglise catholique, notamment son discours sur la sexualité qui ne se tient pas et qui ne tient surtout pas les hommes si fragiles que nous sommes. Deux manières de voir !
Pas de cause à effet mais sans doute des liens qu’il faut prendre en considération :
Un public jeune cible des pédophiles
Un certain nombre de pédophiles ont trouvé dans la prêtrise, un lieu, une place sociale, une impunité, une couverture …
Une autorité jointe à une immunité
Imposer le célibat à l’entrée du séminaire, imposer le célibat à une classe d’hommes c’est mécaniquement instaurer à la base un tri, une attirance ou une répulsion, qui multiplie les risques d’abus sexuels à l’intérieur de l’institution. Un tri centré sur la sexualité et ses questionnements alors qu’il y aurait bien d’autres désirs à questionner, à laisser éclore …
Un discours biaisé, des hommes biaisés
Un lien entre éphébophilie et hébéphilie de certains prêtres et une immaturité affective assez massive dans le Clergé (60% du Clergé américain serait considéré comme sexuellement immature) due à un environnement social exclusivement masculin et une structure hiérarchique de l’Eglise catholique qui cultive des comportements sociaux adolescents.
La présence d’une femme et d’enfants à l’intérieur d’une famille changerait probablement la problématique d’un homme ayant des pulsions pédophiles.
La charge, la pression du célibat, peut dans certains cas, permettre, faciliter des passages à l’acte.
Aucun de ces éléments ne permet de faire un lien entre célibat et pédophilie. Tout au plus ils exigent une vigilance particulière, une prise en compte avec une bien meilleure formation.
Ce sont des arguments qui ont été avancés, contredits, discutés. L’avenir nous en apprendra sans doute davantage. A mon humble avis le lien est beaucoup plus ténu mais on peut avancer quelques explications à cette spécificité catholique.
L’Eglise catholique au cœur de la tourmente … Pourquoi ?
Aucun lien de cause à effet mais un grand trouble dans l’Eglise catholique dont le célibat est la pierre angulaire.
Ces quatre éléments mis ensemble ont fait et feront encore des catastrophes !
Selon les pays, l’époque, les choses se sont passées différemment. C’est ainsi que je veux bien comprendre le désarroi de certains prêtres qui ne comprennent pas ce qui leur tombent sur la figure. Mais ils ne doivent pas non plus faire preuve de trop de naïveté.
Autrement dit ce n’est évidemment pas le célibat en tant que tel qui pervertit le désir sexuel d’un homme. Ce qui est en cause, il me semble, c’est le célibat à l’intérieur d’une structure qui conjoint les 4 éléments que j’ai fait ressortir. Mettez un célibataire dans une structure qui fonctionne correctement (un minimum), il sera équilibré et épanoui comme le sont aujourd’hui la majorité des prêtres en France.
La gangrène, c’est le discours, la vision biaisée sur la sexualité. Le célibat des prêtres et le discours sur la sexualité de l’Eglise conduisent à des mensonges.
De l’extérieur cela donne une perte de confiance et à partir de là tout est possible ou rien : fantasme, lynchage, indifférence. L’Eglise ne doit pas s’étonner de ce qui lui arrive même si c’est relativement injuste puisqu’indépendant de la question du célibat. Quoique le célibat est un peu, symboliquement, la pierre angulaire du système …
De l’intérieur, un discours mensonger, biaisé, peut, dans certaines conditions, avec d’autres éléments, conduire à des perversions, des passages à l’acte. Il y a des chemins de perfections qui conduisent en enfer.
Le « dessous des cartes » du jeu de l’humanité n’est jamais brillant et les prêtres sont très bien placés pour l’entendre et le savoir. Peut-être ont-ils cru pourvoir faire le ménage, changer l’homme, changer le dessous des cartes pour eux-mêmes et pour les autres ! Ce qui aurait dû rester tout amour et tout pardon, toute compassion, est devenu une rigidité monstrueuse, une belle hypocrisie. Ce qui est pardonnable (le fait que nous soyons tous pécheurs !) est devenue insupportable et tous les Evangiles de long en large le répètent et nous mettent en garde : pas de ça, pas de ça, pas de ça ! Le dessous des cartes du Clergé n’est ni mieux, ni pire que le mien, que celui des footballeurs, que celui du reste de l’humanité : c’est plus que pardonnable (normal) mais qu’il sorte de l’hypocrisie !
Reste des éléments importants à souligner :
- Les « petits séminaires » ont certainement une lourde responsabilité dans les scandales qui éclatent aujourd’hui.
- Le pouvoir sans justice : le Clergé s’est longtemps cru impuni …
- La clôture des institutions et la culture du secret sur tout ce qui pourrait nuire à l’Eglise
- Dénégation : le problème ? La manière dont l’Eglise catholique a géré et gère encore ces abus. Refus d’admettre l’existence de pédophiles dans l’Eglise et mutation d’une paroisse à l’autre.
- La hiérarchie plus prompte à défroquer les mal-pensants que les abuseurs pour la défense de la doctrine, de la belle image
- Repli sur les reflexes d’auto-défense institutionnels.
- Le seuil du tolérable qui évolue dans le temps et dans la société
Et l’Eglise en France ?
L’Eglise a eu cette position de « toute puissance » en France il y a quelques décennies et cette position a favorisé dans des congrégations, des paroisses, des mouvements toutes les déviances sexuelles, les violences morales et physiques. L’Eglise en France en a depuis plusieurs décennies finie avec cette Eglise majoritaire toute-puissante et avec ces institutions, pensionnats, complètement clos et hors de toute loi ! Le véritable problème était là. Reste aujourd’hui quelques cas exceptionnels que l’Eglise n’aura aucun mal à traiter. Ce qui s’est passé en Irlande est révélateur de ce système qui s’est peu à peu installé dans les Etats et qui en Irlande compte tenu de son histoire a perduré jusque dans les années 90.
J’ai fait quelques colonies en tant que jeune, en tant qu’animateur, j’ai été maître d’Internat et j’ai pu sentir combien dans ces structures l’équilibre est fragile, qu’il ne faut pas grand-chose pour que tout dégénère. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre ce qui se passait dans les pensionnats, les internats, tenus, par des « pères », des « frères », dont la formation ne devait pas être fameuse, qui avaient tous les pouvoirs sans jamais rendre de compte.
Mais gardons en mémoire ces éléments, si demain l’Eglise devait une nouvelle fois se refermée sur elle-même pour d’autres raisons …
Des pères fracassés …
Nous sommes une drôle de génération : une génération du silence et de l’ombre, du « plus jamais ça » et pourtant nous portons en nous tous les traumatismes de la seconde partie du 20ième siècle, nous portons surtout les silences de nos pères, les silences des familles. Le temps passe vite, trop vite et nous avons sans doute tendance à croire que le 20ième est loin, très loin. Certes nous commémorons comme jamais … mais je crois que dans le même temps nous n’avons pas saisi grand-chose. Nous en faisons déjà une vieille histoire. Nous n’avons pas saisi, pour nous, concrètement aujourd’hui, que nous vivons encore dans les cendres et le sang, dans la ligne d’erre de la seconde guerre mondiale, de la guerre d’Algérie et celles d’ailleurs, dans la misère et les drames du 20ième siècle.
J’entendais il y a quelques jours François Léotard dans une émission de divertissement pour la promotion de son dernier livre La Nuit de Kahina. Quel rapport avec les réflexions du moment ? Ni ses déboires avec la justice, ni son année passée dans le monastère de La Pierre Qui Vire … Je ne connais pas son œuvre littéraire mais je trouve le regard de cet homme, né en 1942, sur le XXème siècle tout à fait intéressant … Sa parole est différente des autres. Sa parole parce que ses mots sortent du discours habituel. Une parole marquée par les drames du siècle dernier et qui nous poursuivent aujourd’hui, nous les fils et petits-fils de ces hommes. Une parole qui n’est pas dans la commémoration et le devoir de mémoire comme cela nous est donné aujourd’hui de rececoir. C’est un minimum mais cela nous coince, nous limite à du savoir alors qu’il faut aller beaucoup plus loin ou mieux : changer d’angle de vue.
Il s’agit d’entendre combien les violences du 20ième siècle, violences et traumatismes inouïes, sont encore présents en nous, dans nos histoires personnelles, dans nos sociétés … Les fils d’hier envoyés sur des champs de guerre sont revenus en hommes blessés, fracassés, et ayant encore et peut-être à jamais beaucoup de mal à en faire état même pour eux seuls.
Un grand silence entoure les affaires de pédophilie, un grand silence est venu également recouvrir toutes les sales guerres d’hier et d’avant-hier.
Il n’y a aucun rapprochement à faire entre ces « histoires ». J’ai encore beaucoup de mal à envisager tous ces éléments dans leur ensemble. Il y a simplement que ma génération, qui n’a paraît-il rien vécu (« et qu’une bonne guerre lui ferait du bien ») se coltine les « ombres errantes » de ses pères.
En écrivant ces mots, j’ai repensé à Sylvie Germain, écrivain né 1954. Une amie m’avait au lycée prêté Jours de colère. Je ne lui ai jamais rendu ce livre … Je comprends aujourd’hui pourquoi j’apprécie tant et l’œuvre et l’écriture de Sylvie Germain. Elle parvient sans doute à dire combien nous sommes, nous habitants du 3ième millénaire, immanquablement marqués par les tragédies d’hier, au niveau individuel, familial, sociétal.
Une belle Eglise
En abordant ce sujet ayant fréquenté depuis tout petit, prêtres, mouvements catholiques, je me devais pour finir de leur rendre justice. Catéchisme, Aumônerie, Scoutisme, Camps … j’ai toujours rencontré des hommes ancré dans les Evangiles, sincères, aimants, heureux, libres et jamais je n’ai soupçonné le moindre travers. Je les ai aimés et jamais aucun d’eux n’a usurpé le nom de père. Ils étaient tout au plus des frères en humanité qui ouvraient le chemin de la vie pour mieux nous y engager, nous en premier de cordée. Si des prêtres ont été irrités, malgré ma prudence, par mes propos, par des raccourcis blessants, je leur en demande pardon. Je souhaite simplement la vérité, une belle Eglise, ma colère ne vise même pas les hommes qui ont commis des abus sexuels mais ces structures qui ont permis à des hommes de sombrer et de sévir dans la nuit et qui ont détruit au nom de la charité chrétienne l’enfance d’hommes qui leur était confiée. Alors pas d’amalgame même pour des milliers de victimes en 60 ans mais une juste colère bien ciblée.
Jamais le consensus, pour l’ensemble des Catholiques avec le soutien d’un certain nombre d’évêques et de prêtres n’a été aussi large pour mettre sur la table la question du célibat des prêtres dans l’Eglise catholique. Ces affaires de pédophiles auront eu le bénéfice de délier les langues car tout en se défendant contre la pédophilie les prêtres, les théologiens, les évêques, ont avoué avec force et clarté les difficultés dans lesquelles ils sont, face au célibat, dans leur vie, dans leur responsabilité, tout en affirmant la perte de richesse qu’il implique dans l’Eglise.