Tentations ...
Il y aurait donc au moins 3 manières d’échapper à la lecture :
Evidente : éviter le texte : s’en tenir à l’écart, tenir le livre fermé, fermer les yeux, faire autre chose, ne rien faire, l’acheter pour ne pas avoir à le lire …
Tentatrice : contourner le texte : accumuler un savoir sur ce texte, en lire tous les commentaires possibles, en connaître toutes les explications. Ah lecteur savant, tu es peut-être le plus à plaindre !
Subtile : survoler le texte : le lire en diagonale, ne lire qu’entre les lignes, pire, ne jamais s’impliquer dans la lecture, ne jamais être désaltéré par les mots : éraflé, bousculé, dérangé, remué, infusé ou imbibé (selon les goûts)…
Comment travailler une terre sans faire l’expèrience du travail de la terre : comment travailler un domaine sans Y ETRE, sans y plonger les deux mains et sentir la glaise coller aux pieds, comment travailler une terre sans être travaillé par la terre …
Pourquoi la lecture n’est pas un acte évident quand elle n’est pas un acte de consommation ? Pourquoi, depuis au moins 2000 ans, aucun commentaire n’est venu épuiser aucun texte ? Pourquoi aucun commentaire ne me dispensera jamais de lire à mon tour ? Pourquoi dit-on « aller puiser dans les écritures » alors qu’on les dit souvent arides, inhospitalières, difficiles ? Comment un texte peut-il me désaltérer ?
Appel à vivre une expèrience : à sortir du désoeuvrement pour entrer en terre de culture … Aller travailler la terre de l’autre : quelle belle façon de se mettre en route !