Que chacun
fasse son travail avec correction … et le monde tournera un peu mieux … au raz
des pâquerettes. Au raz des pâquerettes car c’est bien ici que nous pouvons
faire nos affaires, c’est bien ici que nous pouvons cent fois repasser
l’ouvrage sur le métier, c’est bien ici que nous vivons et que nous mourrons. A
chacun sa fonction, sa charge, son métier, sa tâche … A chacun de tenir cette
place avec cœur, rigueur, humilité … Austérité ? Par caractère peut-être,
mais c’est bien ici que le monde est beau, que les peaux frissonnent, que le
vin chante …
Une drôle
d’affaire ? Quand les responsabilités s’élargissent, prennent du poids …
viennent se greffer des histoires de pouvoir, de puissance, d’argent … Les
hommes perdent alors ce bon sens, le pourquoi de leurs fonctions, de leurs responsabilités
… et nous n’y pouvons alors plus grand-chose. Ca déraille ! Vivant dans ce
monde, nous constatons les dégâts, avec plus ou moins de bonheur, de mauvaise
conscience.
Reste alors la
prière, pour nous et pour ceux à qui nous avons confié le gouvernement de nos
petits mondes. Evidemment cela laisse songeur …
Je pense alors à
ces femmes, religieuses, carmélites, qui font leur travail sur leur carré de
terre, leur travail avec ce que cela a de plus terrien : faire tourner la
boutique, assurer la vie communautaire, accueillir les voyageurs, coudre,
soigner, aimer, laver, produire, tailler, compter, cuisiner … Ces femmes prient
donc pour le monde, si prés et si loin d’elles, ces femmes qui ne me paraissent
pas avoir perdu un grain de bon sens ou de raison. Une fois effectuées leurs
tâches quotidiennes elles prient pour le travail des autres …, pour que chacun
tienne sa place et simplement sa place (sans déraison, sans folie, sans
arrogance, sans mission …)
Nous prions parce
qu’il n’y a plus que ça à faire … nos pauvres mains fatiguées ou simplement
heureuses du travail accompli ne peuvent que s’ouvrir, s’en remettre à d’autres
mains, d’autres ouvriers, contempler les labours … se reposer en Dieu … Nous
prions Dieu pour travailler moins et gagner plus. Nous prions Dieu pour que
nous n’ayons plus à porter ni le poids du monde ni notre vanité et qu’ainsi, les
mains, le pas, le cœur plus légers nous participions à nouveau à ce long labeur
qu’est la marche du monde.
« Et je sais qu’il n’y a pas de bonheur pour l’homme, sinon dans le plaisir et le bien être durant sa vie. Et si un homme mange, boit et trouve le bonheur dans son travail, cela est un don de Dieu» Ecclésiaste 3 ; 12-13